Curd Jürgens an seine Mutter Marie-Albertine („Moussia“). Graz, 23.10.1948
Chère Maman, je suis à Graz, tournant un film, c’est un de ces automne, le soleil brille, les arbres ont perdus leurs feuilles en milles couleurs – il fait beau. L’automne peut être la saison la plus magnifique, la plus baroque, la plus grandiose On a pris des entre___ dans les environs de la place, où, en 1944 aussi en octobre on m’avait envoyé pour les „Schanz-Einsatz“, et où, après quelques jours je m’avais arrangé le bagno [ ?] en une merveilleuse villégiature, où Judith vînt me voir et où nous restâmes chez le comte Stürgkh dans son vigneron [= vignoble?] . C’est le temps du vin, l’air est plein de parfum des vignes, on boit le mort, le Sturm [?] et – le Heurige. On joue avec l’idée d’acheter une petite place près de là pour avoir quelquechose en tout cas, pour pouvoir se retirer devenir paysan, métier saint et plein de silence. Il y a tant d’acteurs qui ont beaucoup gagnés ds. [= dans] leur vie et qui n’ont plus rien, excepté ceux qui ont eu intelligence de s’acheter un petit bien où quelquechose comme ça. Naturellement on ne gagne pas assez pour pouvir pouvoir ____ un véritable bien, mais peut être une petite place ici
dans le pays du vin, 2 ou 4 vâches, un cheval pour Judith cela pourrais s’arranger. Comme j’ai des dettes dans toute ma vie cela ne changerai pas l’affaire si – une fois – je les ferais pour enfin obtenir une chose valable, qui ne perd pas sa valeur, qui est bien retir_, et, un capital. Cependant on y est pas encore. Ce sont des plans, qui ne touchent pas nôtre vie quotidienne, ni nos plans d’aller voir le monde, d’aller voir l’Am[é]rique, le Sud, le Nord, et, surtout vous, toi ma chère motschilein, et Jeanette qui n’a pas même essayer de venir me voir. Est-ce que tu as reçu mes dernières lettres, motschilein, on l’a écri[t] deux. Une longue de huit pages, une autre il y a quatre jours ? Ecris-moi.
Chère motschilein, salue tous et __ baisé milles fois de ton
fils
23. Okt. 1948