Le fonds d’archives

Les documents et objets en possession de Curd Jürgens, qui ont été attribués, 15 ans après sa mort, au Deutsches Filmmuseum pour conservation, ont été entièrement saisis dans un inventaire détaillé et restent à disposition en vue d’une évaluation scientifique plus approfondie.

Cette succession, conservée dans la villa de Jürgens au sud de la France jusqu’à juin 1997, est arrivée en grande partie désordonnée dans les archives du Deutsches Filmmuseum. Un premier examen du matériel contenu dans 40 caisses en bois a confirmé la collection considérable supposée, représentative de l’histoire du cinéma.

En novembre 1997, le transfert officiel au musée s’est fait en lien avec une première présentation publique de pièces sélectionnées. La saisie générale et les mesures conservatoires ont duré plus de deux ans.

Curd Jürgens exhibition opening, 1997

Margie Jürgens à la première présentation du fonds au Deutsches Filmmuseum, 1997


Curd Jürgens exhibition opening, 1997

Miriam Duncan (l.) et sa mère Margie Jürgens à la première présentation du fonds au Deutsches Filmmuseum, 1997

Dans ce fonds, se trouve du matériel provenant majoritairement des travaux de Curd Jürgens pour le théâtre, le cinéma et la télévision. Un scrapbook de grand format, probablement initié en 1935, documente des photographies de films et de théâtre ainsi que des coupures de presse et des correspondances datant des dix premières années de sa carrière d’acteur. Aux côtés de plus de 3000 photos d’œuvres et de scène, de 70 scénarios et scripts, de 45 affiches, de nombreux programmes et d’autres documents sur son travail, on y trouve une liasse d’échanges de correspondances concernant des projets au théâtre, au cinéma et à la télévision. Récompenses et distinctions, livres et correspondances sur des projets non réalisés offrent un aperçu du parcours de l’artiste. Se retrouve dans l’héritage, entre autres correspondances, une lettre du réalisateur Max Ophüls évoquant un casting (passé sans succès) pour le film LOLA MONTES (1955, R: Max Ophüls).

Un ensemble de manuscrits et de notices nous signale que Jürgens n’a pas seulement travaillé au théâtre et au cinéma en tant qu’acteur. Parmi cette pile de documents, on compte aussi bien un manuscrit rédigé par ses soins, qui a engendré, dans les années 1940, la pièce de théâtre «Geliebter Michael», qu’un guide manuscrit contenant des ébauches de projets de films et le résumé de sa première réalisation PRÄMIEN AUF DEN TOD (1950).

De surcroît, des enregistrements documentent son autobiographie « … und kein bisschen weise » et le manuscrit de l’éditeur du roman paru en 1980 « Der süsse Duft der Rebellion » témoigne des ambitions d’écrivain de la star mondiale. Jürgens en tant que musicien y est aussi représenté par le biais de disques. Par ailleurs, des enregistrements sur disques de lectures de « Schachnovelle » (Stefan Zweig, 1942) et de « Steppenwolf » (Hermann Hesse, 1927) ont aussi été conservés.

Une correspondance avec sa famille, un ensemble de documents professionnels et de documents de 1946 ainsi qu’un journal intime datant de l’année 1947 nous renseignent sur la vie de Curd Jürgens au moment de l’après-guerre. On y trouve aussi des reçus pour des tickets de rationnement et des requêtes pour des bulletins de délivrance pour deux paires de chaussures, trois costumes et trois chemises, au motif invoqué par Jürgens qu’il en avait absolument besoin pour sa profession d’acteur.

Pour finir, en sus du matériel relatif à son travail, se trouvent aussi des objets et des documents personnels, par exemple plus de 2300 photographies professionnelles et privées, des journaux intimes et des agendas personnels datant de 1959 jusqu’à la mort de Jürgens en 1982, un masque mortuaire des années 1950, mais aussi des objets privés tels que ses pipes et leurs accessoires ou une petite image sainte encadrée – un cadeau de Romy Schneider.

Examiner, ranger, enregistrer et décrire – l’archivage d’un fonds est aussi une enquête minutieuse. De nombreux liens ont pu être faits dans ce travail. Des indications importantes, dont certaines restées longtemps obscures, ont mené à l’analyse d’un riche matériel de presse. Photos, récompenses et documents personnels montrent de nouveaux aspects, mettent en lumière la star et la personne privée qu’était Curd Jürgens d’un point de vue exceptionnel et documentent souvent le familier. Le matériel exposé, montré pour la première fois en ligne à l’occasion de cette exposition virtuelle – permettant une accessibilité mondiale –, donne un aperçu très personnel de la vie tant privée que publique de cette vedette de cinéma et illustre les étapes de sa carrière.

Tous les éléments de cet héritage qui sont montrés numérisés dans l’exposition virtuelle peuvent être consultés dans nos archives à Francfort-sur-le-Main.

Isabelle Bastian / Hans-Peter Reichmann